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AU LOUVRE, EMMANUEL MACRON A FAIT LE CHOIX D'UNE FRANCE PRIVEE DE SON IDENTITE NATIONALE
La soirée électorale de Monsieur Macron sur l'esplanade du Louvre a été révélatrice de la conception que le nouveau locataire de l'Elysée se fait de la France. Celle d'une France déculturée, privée de son identité nationale et nécessairement soumise à une technocratie acquise au cosmopolitisme.
La fin de l'exception culturelle française.
On ne peut traverser l'esplanade du Louvre sans se remémorer la nouvelle querelle des anciens et des modernes que fit naître la construction d'une vaste pyramide de verre dans la cour Napoléon. La Commission supérieure des sites et des monuments historiques avait manifesté son hostilité au projet. La presse avait relayé la polémique. Des associations de défense du patrimoine avaient interpellé le ministre de la Culture. Le Louvre allait être défiguré. Le public être détourné des œuvres au profit d'activités commerciales et subculturelles.
Près de trente ans plus tard, la pyramide ne déchaîne plus les passions. Mais elle n'en reste pas moins le symbole d'une rupture, d'une démarche intellectuelle faisant peu de cas de la préservation d'un patrimoine pour associer des styles architecturaux dissemblables au nom d'un utilitarisme revendiqué. « Pourquoi une pyramide ? C'est la forme qui occupe le moindre volume1. » Ieoh Ming Pei affirma d'ailleurs que « la pyramide n'avait pas grande importance. Le plus important, c'est d'avoir unifié le musée2. » Certes. Mais l'architecte sino-américain ne connaissait sans doute pas l'exception culturelle française.
Pour ce qui le concerne, Monsieur Macron la connaît ; Mais il ne veut peut-être plus la connaître, lui qui a décidé d'inviter ses partisans sur l'esplanade du Louvre où l'ouvrage de verre et d'acier détonne devant les façades multiséculaires. Du Panthéon à l'Arc de Triomphe, des Invalides à la tour Eiffel, les symboles de Paris, de la République ou de la France ne manquent pourtant pas dans la capitale. Le spectacle devait-il être mis en scène dans le cadre d'architectures disparates, illustrations de la prolifération stylistique dysharmonieuse qu'on observe dans tant de villes nouvelles ? Entre un patrimoine préservé, enraciné dans l'histoire et porteur d'identité, et un ensemble d'éléments architecturaux dissemblables et privés d'unité, Emmanuel Macron a fait un choix symbolique : celui de la globalisation culturelle.
La mise à l'écart d'un symbole de l'identité nationale.
Au soir du 7 mai, c'est l'arrangement du thème musical de l'Ode à la joie de la 9e symphonie de Beethoven qui a accompagné la marche du nouveau président de la République. Cette partition, musique sans paroles, est utilisée lors des cérémonies officielles de divers organismes européens au point d'être devenue l'hymne de l'Union européenne. Pourquoi sans paroles ? Simplement en raison du multilinguisme qui a fait obstacle à l'adoption d'un texte commun aux états membres. Même sur un point aussi simple, l'Union européenne n'est jamais parvenue à un accord.
C'est donc « l'hymne » d'une entité supranationale, dépourvu de texte et désincarné qui a eu la préférence de Monsieur Macron, au détriment du symbole fort de notre identité nationale qu'est cette Marseillaise que tous les Français connaissent et dans laquelle tous les Français se reconnaissent. Ici encore, le symbole est fort. La Marseillaise, c'est un hymne à la liberté, un appel patriotique, un cri de ralliement à la République et à la Nation. La Marseillaise, c'est une part du patrimoine immatériel de la France. Sans la Marseillaise, la France n'est plus un état libre et indépendant. Sans la Marseillaise, les Français ne sont plus les Français. Sans la Marseillaise, les Français ne sont plus que les habitants interchangeables d'une partie de l'espace européen, lui-même sans limites physiques afin de permettre son agrandissement en direction de la Turquie.
L'identité nationale s'est aussi effacée dans le choix des artistes conviés par Monsieur Macron. Ce choix s'est porté sur Cris Cab, chanteur américain influencé par le reggae dont la prestation visait à donner à la soirée une atmosphère festive. Il s'est aussi porté sur Magic System, un groupe ivoirien pratiquant le Zouglou, style musical né en Côte d'Ivoire. Là encore, était-il absolument impossible de convier des artistes ou des groupes français pour célébrer l'élection du président de la République française ? Ou Monsieur Macron a-t-il délibérément souhaité mettre en exergue son choix d'une société de libre circulation des personnes et des services dans le meilleur des mondes mondialisé ?
Le triomphe de la technocratie mondialisée.
La diversité des styles architecturaux, la diversité des artistes, le choix d'un hymne a-national prétendument européen sont venus confirmer des déclarations faites pendant la campagne électorale. Inspirées par la pensée unique d'un monde fondé sur la marchandisation des êtres autant que des choses, ces déclarations rattachent Monsieur Macron à la technocratie mondialisée favorable à un multiculturalisme postnational.
A Lyon début février 2017, Monsieur Macron a affirmé que : « Il n'y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse3. » Il a confirmé ce point de vue à Londres le même mois en déclarant « l'art français, je ne l'ai jamais vu. » On constate donc que le nouveau président de la République française nie le caractère particulier et spécifique de la culture française, partiellement théorisé sous le nom polysémique « d'exception culturelle française », mais aussi réalité historique incontestable.
De multiples facteurs interviennent en effet qui font l'identité culturelle. Ces facteurs conditionnent la production d'œuvres qui se distinguent par leur style de celles que l'on voit au-delà des frontières. Les mouvements artistiques et littéraires coïncident rarement. L'Italien Lully créa un opéra authentiquement français, différent de l'opéra italien. La musique de Berlioz n'est pas semblable à celle de Chopin. L'esprit d'André Chénier n'est pas celui de Goethe. La gastronomie française ne peut être confondue avec la gastronomie chinoise. Chaque peuple exprime un génie qui lui est propre. Même le savoir-vivre et les usages ne sont pas identiques. L'identité culturelle existe. C'est peut-être elle qui assure le mieux l'unité nationale.
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La soirée électorale de Monsieur Macron a permis de discerner la conception que le nouveau président de la République se fait de la France et des Français, mais aussi de son rôle à la tête de l’État. Niant l'existence d'une identité culturelle française pourtant incontestable, se plaçant délibérément dans une posture supranationale de technicien de la gestion publique, Monsieur Macron devra pourtant compter avec la volonté du Peuple français qui n'accepte ni le communautarisme, ni la disparition de son histoire, de son patrimoine ou de ses traditions, ni la perte de ses libertés fondamentales. L'identité culturelle est le ciment de la Nation.
André Murawski – 9 mai 2017 – www.andre-murawski.blog4ever.com
Conseiller régional Hauts-de-France
1Haro sur la pyramide, Le Monde, 1er septembre 2006.
2Ibid.
3Emmanuel Macron et le reniement de la culture française, Le Figaro, 6 février 2017.
LA PRIMAIRE DE LA DROITE ET DU CENTRE S'INSCRIT A L'INVERSE DES VALEURS DE LA REPUBLIQUE
Suivant l’exemple initié en 2012 par le parti socialiste et le parti radical de gauche, la direction des Républicains a décidé d’organiser des primaires ouvertes en vue de désigner un candidat à l’élection présidentielle des 23 avril et 7 mai 2017.
Outre la forte concurrence des ambitions que ce choix révèle, la mise en œuvre de ces primaires porte atteinte à plusieurs principes de la République et de la démocratie.
En effet, ces primaires posent d’abord un problème de constitutionnalité. Elles battent ensuite en brèche le droit au secret des opinions. Pour faire bonne mesure, elles confortent l’existence d’une forme de participation financière obligatoire au suffrage. Enfin, elles induisent des coûts que les collectivités locales n’ont pas vocation à supporter.
Selon l’article 3 de la Constitution, « le suffrage est toujours universel, égal et secret. Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques. » Il découle de cet article que l’élection du Président au suffrage universel direct est un des fondements de la Ve République.
Or, les primaires reviennent à empêcher le Peuple de faire son choix parmi TOUS les candidats potentiels puisqu’elles visent précisément à écarter un certain nombre de personnes de la candidature au profit d’une seule. D’autre part, les questions d’organisation appellent de multiples interrogations : Sur quels critères les pseudo électeurs sont-ils autorisés à voter ou, au contraire, écartés du vote ? Quelles sont les modalités de convocation d’un corps électoral par définition indéterminé ? Comment la neutralité des présidents des bureaux de vote et des assesseurs est-elle garantie ? Quelles contestations peuvent-elles être exercées en dehors de toute juridiction ?
On voit que les primaires, ouvertes à un corps intermédiaire et mal défini, limitent le choix des votants à des candidats prédéterminés, et constituent de fait une élection à deux degrés en rupture totale avec l’esprit, sinon avec la lettre, de la Constitution qui reste muette, et pour cause, sur ce procédé.
Les primaires battent également en brèche un principe fondamental de toute élection en droit français : le secret du suffrage.
Le pluralisme des candidatures semble infirmer l’idée selon laquelle la validité du suffrage pourrait être contestée. Les opérations électorales semblent pouvoir se dérouler dans des conditions « normales ». Mais la Charte élaborée par les organisateurs fait substantiellement obstacle au secret du vote dans le cas des primaires.
Cette Charte ne laisse en effet place à aucun doute. L’article 1er précise que la désignation du candidat soutenu par le parti « les Républicains » est ouverte à « l’ensemble des citoyens partageant les valeurs républicaines de la droite et du centre et s’engageant pour l’alternance. »
Ce texte ne laisse aucune place à l’interprétation. Pour voter, il faut partager les valeurs de la droite et du centre et donc, a contrario, ne pas adhérer aux valeurs, fussent-elles républicaines, des autres partis de l’échiquier politique. Les rédacteurs sont même allés au-delà puisqu’il est demandé aux « votants » de s’engager pour l’alternance. Autrement dit, il est demandé aux participants de dévoiler leurs opinions politiques ce qui pourrait se concevoir dans le cadre fermé d’une association, mais ce qui devient inacceptable dans le contexte d’une consultation « ouverte ».
C’est donc la liberté d’opinion, en ce que chacun est libre d’exprimer, mais aussi de ne pas exprimer ses convictions, qui est en cause dans ce type de consultation. Comment ne pas soupçonner alors, sinon la constitution de fichiers, du moins l’identification de certains citoyens par les responsables d’un parti politique sur le plan local ?
Bien entendu, le fait que des personnes issues d’autres partis et donc, pas forcément favorables à « l’alternance » aient été autorisées à voter constitue une autre irrégularité formelle : la violation de la Charte pratiquée avec l’assentiment des organisateurs.
Autre difficulté : la question d’une participation financière obligatoire des « votants ». Le 2e alinea de l’article 2 de la Charte prévoit que le vote est subordonné « au versement d’une contribution de deux (2) euros par tour de scrutin. » Or, les dispositions de l’article 3 de la Constitution, selon lesquelles le suffrage est universel, s’opposent par définition à toute possibilité de participation financière car l’universalité entraîne de facto la gratuité. On imagine mal en effet à quel titre un citoyen pourrait être privé du droit de vote au seul motif qu’il ne pourrait pas acquitter des « droits » fixés en dehors de la loi.
C’est à l’expression de la volonté populaire et, donc, de la volonté générale que le principe d’un suffrage sous condition de contribution contrevient. En ce sens, il est clair que les primaires enfreignent le caractère démocratique de la République. Sans doute certains objecteront-ils que le montant de la contribution est minime. Il n’empêche que le versement d’une contribution, même symbolique, fait que le vote n’est pas gratuit et donc qu’il n’est pas universel.
Enfin, il y a lieu de s’interroger quant aux charges induites par l’organisation des primaires. La Charte indique que les candidats disposeront de comptes de campagne. Pour autant, la fiche n° 3 figurant dans le Guide électoral de la primaire, relative aux dépenses de campagne, se borne à évoquer des frais de « permanence et locaux », et ne mentionne pas explicitement les charges de mise à disposition des salles communales ou intercommunales utilisées pour les opérations de vote.
Dès lors, il y a également lieu de s’interroger sur les conditions de mise à disposition de locaux destinés à accueillir les bureaux de vote. Les frais de fonctionnement tels que l’éclairage, le chauffage, la mise à disposition même limitée de personnel de permanence seront-ils répartis entre les comptes de campagne des candidats ? Ou seront-ils supportés par le contribuable en cas de mise à disposition sans contrepartie financière ?
L’organisation de primaires ouvertes met donc en évidence de nombreux problèmes juridiques, mais aussi financiers et moraux. Car c’est bien de moralité publique qu’il s’agit lorsque les principes démocratiques fondamentaux qui ont fait la République française sont écartés au profit de primaires dont la conséquence évidente est d’empêcher la réalisation du dessein du fondateur de la Ve République : faire que l’élection présidentielle soit, d’abord, la rencontre d’un homme et d’une Nation.
André MURAWSKI – 21 novembre 2016
Conseiller régional (FN-RBM) Hauts-deFrance
Conseiller municipal d’Ostricourt